lundi 19 février 2018

La pain marmite...

C'est une des spécialités culinaires de Maré. De grands pains cuits dans des marmites. Si la pratique se perd sur la Grande Terre pour des raisons de restrictions sanitaires, elle perdure à Maré. Pour mon plus grand bonheur car lorsqu'il est chaud, tout frais sorti de son four traditionnel, c'est un délice.

Lorsque le magazine Agri'Cultures m'a demandé des portraits de petits producteurs, ma suggestion de dépeindre en mots et en photos cette miche particulière a plu. Et c'est bien sûr cette petite "boulangerie" au bord de la route que j'ai choisie...

C’est donc sur le bord de la route entre Tadine et La Roche, à quelques mètres de l’embranchement vers Ténane, que l'on trouve la petite boutique de pains marmite de la famille Wahnara. Réputés parmi les meilleurs de l’île de Maré, leur fabrication est une tradition familiale qui se perpétue de génération en génération.


Quand les enfants n’ont pas école, ils gravitent autour de la table de pétrissage ou du four et donnent la main en ramassant les feuilles de papalé, en huilant les plats, en transportant la pâte ou encore en ôtant les pierres encore chaudes qui recouvrent les marmites. 

Trulue huile les marmites qui vont bientôt accueillir la pâte qui a levé.




La cadette de la famille n'aide pas encore mais veut bien être sur la photo, en pleine dégustation de jamelons.

Si les hommes prennent en charge le four, ce sont essentiellement les filles et petites-filles de la famille qui font et pétrissent la pâte. Elles font ainsi depuis qu’elles sont toutes petites. Les gestes se sont inscrits en elle. Pas d’école de boulanger mais celle de la vie et de la pratique. Elles font, comme leur mère ou grand-mère leur a montré.

Yvette coupe et pétrit la pâte pour en faire de belles miches égales en poids qui viendront combler des marmites.

Les marmites sont de différentes tailles et peuvent accueillir d’une à quatre boules de pain qu’Yvette vient déposer délicatement dans leur fond huilé.
C’est dans un four traditionnel que le pain cuit et prend sa couleur dorée. Les marmites sont posées sur des briques très chaudes et recouvertes d’une multitude de petites pierres tout aussi chaudes. Les feuilles de papalé, la paille, la terre viennent ensuite recouvrir le tout pour protéger les plats et conserver la chaleur. La cuisson durera une heure. L’exercice sera renouvelé trois fois par jour en moyenne.

Le chef de famille, Wahetra Wahnara, et sa petite-fille Assenia, découvrent la dizaine de marmites qui contiennent les pains prêts à être démoulés.






Démoulage expert en un geste rapide. Le pain est parfaitement cuit. Doré et croustillant à l’extérieur, moelleux à l’intérieur.



C’est une histoire de famille où chacun contribue, même un peu. Et jusqu’à une trentaine de gros pains marmite sont ainsi proposés à la vente chaque jour, sauf le dimanche. L’activité fait vivre toute la famille dont les plus jeunes savent déjà qu’ils la perpétueront. « J’aiderai ma femme à faire le pain, quand je serai grand. J’aiderai au four », dit Trulue, en cinquième segpa cette année.

Yvette transporte les gros pains vers la petite boutique qui donne sur la route.
Si elle est passagère, les résidents n’hésitent néanmoins pas à venir exprès.

Les enfants prennent en charge la vente dès qu’ils le peuvent comme aujourd'hui Assenia et Trulue. Chaque portion est vendue 650 francs.


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