dimanche 24 avril 2016

Bougna traditionnel chez Cathy...


Cathy vit dans notre quartier. Elle était institutrice à la maternelle de Tadine. Depuis cette rentrée, elle est rattachée à la Province des Iles (collectivité territoriale) et intervient dans les écoles de l'île auprès des professeurs non locuteurs en nengone pour assurer cette matière auprès des enfants.

Son ami Gérard vit dorénavant avec elle. Il travaillait à Nouméa mais vient de prendre se retraite. Cathy nous disait depuis quelques mois que dès que Gérard le pourrait, il préparerait le four pour le bougna, derrière nos maisons...  

Quand je les ai rejoint ce matin à 7h, Gérard avait déjà préparé la base du four traditionnel. Cathy commençait à éplucher les petits oignons pendant que Valentine, la sœur de Gérard, découpait les feuilles de bananier. J'installais donc ma natte à leurs côtés pour préparer ce bougna à partager entre amis.



Le bougna est le plat traditionnel des kanak. Les ingrédients sont cuits à l'étouffé enfermés dans plusieurs couches de feuilles de bananier. Le "panier" ainsi composé est positionné dans un four traditionnel recouvert de terre.
Gérard vient d'arriver de Mebuet. Il est allé chercher chez lui des feuilles de cocotier. Elles constituent la première couche du bougna, celle qui permet de le fermer. Il les travaille très habillement...



Valentine passe les feuilles de bananier sur le feu pour les attendrir et permettre qu'elles soient travaillées sans se casser ou se déchirer. Cathy dispose les feuilles de papalé. Elles vont recevoir le bougna qui ne peut pas être posé à même le sol.



 
  

Une fois la "couronne" de feuille de cocotier installée sur le "matelas" de papalé, les feuilles de bananier peuvent être installées en 5 couches successives. Les ingrédients et le jus de coco ne doivent pas s'en échapper. La dernière feuille est la plus importante. Elle est manipulée avec une grande délicatesse.



Le "panier" est prêt à recevoir les ingrédients qui composeront notre bougna. Quelques petits oignons, des rondelles d'ignames coupées traditionnellement par petits coups successifs, des morceaux de poulet, un peu de jus de coco frais que vient juste de râper Gérard...







 Les pétales du bougna sont prêtes à se refermer sur cette jolie fleur...
 





Pendant ce temps-là, Malou cueille des feuilles de papalé comme le lui a montré Cathy et aide Gérard à prendre la terre qui servira à recouvrir le four...



Chaque bougna a été placé sur les pierres chaudes. Maurice, le mari de Valentine, les recouvre avec d'autres pierres chaudes mises de côté juste avant. Il utilise une pince directement taillée dans la partie épaisse de la feuille de cocotier. De l'herbe et les feuilles de papalé cueillies par Malou viendront également en couche épaisse sur les plats. Elle est une "barrière" entre les plats et la terre qui va venir recouvrir le tout.





Il faudra attendre 2 heures avant d'ouvrir le four. C'est généralement moins long mais c'est la première fois qu'un four est fait ici. Gérard n'y connait pas les pierres et la terre et prend donc la précaution d'assurer la cuisson du bougna. 

Deux heures après, les feuilles de papalé ont bien changé. Cathy tresse les plats qui transporteront les bougnas.




Place à la dégustation et à un moment de partage fort sympathique avant une sieste bien méritée !

samedi 23 avril 2016

Le marché éphémère de Mebuet...



Comme chaque année, les quatre tribus organisatrices de la « fête de l’avocat » se mobilisent pour récolter des fonds et faire de leur fête une réussite. Ce samedi 23 avril, c'est la tribu de Mebuet qui organise son petit marché éphémère...



De nombreux résidents attendent déjà l’ouverture du marché de produits locaux, debout ou attablés sous un faré transformé en « café » pour l’occasion. Cette année, le marché tournant de Mebuet s’est installé chez Hmae GUAENERE, le petit chef de la tribu.
« C’est ici même que la tribu accueillera les visiteurs venus pour la fête et qui logeront en partie chez l’habitant à Mebuet. Le comité d’organisation sonde en ce moment-même qui veut accueillir et si les conditions sanitaires sont réunies. Quand le visiteur vient en tribu, il vient se reposer, se dépayser. Il doit être content de l’histoire singulière qu’il aura vécue avec sa famille d’accueil » précise Marcel BUAMA, président du comité d’organisation de Mebuet.
Encore une fois, les tribus organisatrices de Nece, Tuo, Mebuet et Padawa mettent tout leur cœur à l’ouvrage pour participer à la fête de l’avocat du 5 au 8 mai prochains. C’est une véritable dynamique de tribus qui se met en place, chacune accueillant un marché tournant les semaines qui précèdent le grand rassemblement. « Toutes les familles des quatre tribus sont invitées à venir vendre leurs produits, qu’elles soient familles d’accueil ou non. Chacune veut pouvoir contribuer à sa manière à la fête de l’avocat. L’argent récolté contribuera principalement à financer le BETICO affrété spécialement pour l’occasion. Mais l’objectif de cette journée n’est pas que financier. Elle permet de valoriser nos productions locales, les efforts de chaque famille et contribue à la cohésion sociale » dit Marcel avec enthousiasme.

En parallèle du marché des initiatives originales attirent les visiteurs. Des enfants ont fabriqués un jus de fruit 100% naturel à base de papayes. Des jeunes filles proposent d’alléchants cornets de glace qui font s’extasier Marilou qui s’exclame « il n’y a pas ça à Maré d’habitude ! ». Les mamans de la tribu tiennent un « café » des plus accueillants où toutes les tables ont été prises. Certains y sirotent boissons fraîches ou chaudes quand d’autres jouent aux cartes ou encore dégustent une part de tarte sucrée. Le temps s’écoule sous une ambiance joyeuse, dans ce milieu où grouille la vie.





Les étals du marché regorgent de fruits et légumes plus beaux les uns que les autres et rivalisent de diversité. Le plus beau des avocats vient d’être désigné. Il est issu du jardin du Pasteur, pèse 1,7 kg et fait la fierté de tous. Il rejoindra les autres très beaux produits sélectionnés pour une offrande aux autorités coutumières présentes. Elles viennent d’ouvrir le marché en remerciant exposants et visiteurs. Elles mettent l’accent sur la nécessité de cultiver des produits de qualité et félicitent les nombreux produits bio présentés aujourd’hui. Ceux qui ne seront pas vendus reviendront aux gagnants du grand Bingo organisé pendant que les ventes suivent leur cour. Les mamans ont installé leurs nattes et s’adonnent à ce jeu devenu une tradition solidaire à Maré.


En robe violette à carreaux, Madame Cathy, une voisine

2016 est une année exceptionnelle. Dans tous les jardins les branches croulent sous le poids de nombreux et volumineux avocats grâce à la combinaison du soleil et de la pluie. « Les avocats sont récoltés par brouette et feront même cette année le bonheur des cochons. Pas question d’en perdre » s’amuse Marcel avant d’ajouter « c’est encore un des domaines où l’homme ne peut rien. C’est la nature qui donne ça. Charge à l’homme de valoriser et d’en faire quelque chose ».
Marcel est enseignant et pourrait participer financièrement sans donner de son temps mais il veut aussi contribuer à sa façon. « Mon apport, c’est d’organiser le marché et cette harmonie » précise-t-il avant d’être rejoint par le président du comité de l’avocat, Ledu DRUDI qui ajoute admiratif « la recette d’une si belle journée c’est l’investissement des mamans et des grands-mères ». 

 
Pauline, une « maman » de la tribu, m'invite justement à venir déterrer les pains marmite qu’elle a confectionné pour ce marché. Nous la suivons et retrouvons tout un groupe de jeunes adolescents affairés autour du four traditionnel. Quelques coups de pelles plus tard nous découvrons les fameuses marmites et les pains dorés qui font la fierté de Pauline. Elle aussi aura mis tout son cœur pour que la fête soit belle.

 


Pauline
 

 

vendredi 15 avril 2016

Kunié ou l'île des Pins...

Avant de rentrer à Maré, nous profitons de notre présence sur Grande Terre pour découvrir l'Ile des Pins. L'arrivée en avion nous met l'eau à la bouche avec cette multitude d'îlots qui gravitent autour de Kunié, le nom de cette île en langue kanak.


Par précaution, compte tenu des pluies, nous logerons dans un chalet que nous a déniché Justin via une connaissance. Le camping Atchu sur la baie privée du même nom est un petit paradis très simple, cachée derrière la baie de Kanuméra au sud de l'île.

Dès notre arrivée en soirée (il fait nuit à 17h30) nous partons en balade sur le platier accessible depuis la plage à marée basse. Nous y croisons d'étranges petits êtres marins et une petite "cuvette" qui se remplit et se vide au grès des vagues. Il n'en fallait pas plus pour attirer nos explorateurs masqués...

Les enfants ici disent de lui qu'il nous vient de l'ère préhistorique...
Drôle d’hippopotame miniature tout gluant !

 


Dès le lendemain, nous partons à la découverte des 4 coins de cette petite île de 14km sur 18 qui abrite un peu moins de 2000 habitants. Petite visite improvisée chez Willy, sculpteur, dont le faré "commercial" nous a attiré. Nous découvrons son domaine où le moindre morceau de bois est sculpté, même encore enraciné, et son atelier d'où Malou ressortira avec un cadeau, une sculpture destinée à des gendarmes partis plus vite que prévu. Nous venons de faire connaissance avec la gentillesse des Kunié, très proche de celle que nous côtoyons à Maré. 





 

Ravie de ce premier contact, nous reprenons la direction de la baie d'Oro pour y découvrir l'incontournable piscine naturelle... Nous tenterons de réserver une table au Méridien, que tout le monde nous vante mais ils sont complets et débordés avec les nombreux paquebots qui accostent en ce moment... 

Cette pirogue à balancier nous accueille au Méridien... Initialement dédiées à la pêche, elles transportent aujourd'hui les touristes sur la baie d'Upi...


Après avoir payé notre droit d'accès, nous empruntons un petit sentier qui se poursuit dans l'eau, évoquant le Gois de Noirmoutier à Raphaël... Avant d'y pénétrer, nous sommes accueillis par une multitude de crabes violonistes qui amusent grands et petits par leurs courses rapides vers leurs cachettes de sable.








La piscine est aussi incroyable qu'on le dit, immense et gorgée de poissons de toutes sortes.

By Raphaël avec sa petite caméra

Quand Marilou s'en donne à cœur joie sous et "sur" l'eau, nous croisons une touriste parée pour affronter les plus grands dangers de cette piscine...




L'après-midi se termine, la marée baisse... La piscine offre des tas de couleurs... Le sourire ne nous lâche plus. Moment magique dans un endroit magique.




En repartant vers le camping, nous faisons escale sur la baie de St Joseph pour organiser notre sortie en pirogue. Aline nous a fortement conseillé cette balade sur l'eau... Nous y croisons les derniers fabricants de pirogues. L'un d'eux nous explique qu'il faut passer par son hébergeur. Chacun a son piroguier. Il n'y a ainsi pas de concurrence entre eux, le travail étant partagé. A simplement regarder ces embarcations d'un autre temps, nous avons hâte d'être au lendemain...

Raphaël étudie ce petit modèle pour la fête de la Science...





Nous arrivons sur la baie de St Joseph dès 8h et apercevons notre piroguier au loin sur l'eau... Le temps de vite nous mettre en maillot de bain et hop, à l'eau pour un bain inattendu de bon matin dans une eau rafraîchissante ! Une autre petite famille nous accompagne jusqu'au sentier qui les mènera à la piscine naturelle. Quant à nous, nous profiterons de la pirogue toute la matinée. Nous sortirons de la baie de St Joseph au moteur puis récupèrerons des vents favorables pour le plus grand plaisir de Raph à qui la voile manque tant...
 
 

C'est Bernard qui nous prend en charge. Son père est également piroguier. C'est avec lui qu'il a appris à manœuvrer cette embarcation et qu'il a construit la sienne avec les bois présents sur l'île. Il marchait tout juste quand il  a commencé à l'accompagner dans ses sorties. Son fils en fera de même mais il est encore bébé.
Si les pirogues ne servaient avant qu'à la pêche, les pêcheurs ont fini par accepter, il y a une trentaine d'années, qu'elles servent aussi au transport des visiteurs en balade. Bernard craint que cette activité finisse par s'éteindre car la plupart des piroguiers sont vieux. Ils ne sont que 2 de sa génération or toutes les pirogues sortent chaque jour. La balade sur la baie d'UPI est très demandée et constitue l'une des attractions touristiques phares de l'île.

Pour profiter pleinement des paysages et des couleurs qui varient tout au long de la matinée avec un temps changeant, nous nous installons à l'avant.








En quittant la petite famille qui nous accompagnait sur la première partie de la balade, nous croisons la papa de Bernard sur sa pirogue.




Nos voisins ont sorti le foc. Raph ne résiste pas à l'envie de demander à Bernard s'il peut barrer... Il retrouve les sensations perdues, qui le hantent,... il dit souvent qu'il ne lui manque que la voile à Maré mais celle-ci y est "tabou" car annonciatrice de grands vents et de cyclones...


 





 
Nous quittons Bernard et sa pirogue avec la sensation d'avoir vécu l'une de nos plus belles expériences en calédonie ! 

Après un très bon déjeuner au gîte Nataiwatch, où nous dînerons aussi un délicieux carpaccio de bénitier, nous prenons la direction de la baie des rouleaux, accessible à pied par la plage et un sentier rocheux. Les enfants et Raphaël se régalent dans des vagues quasi inexistantes à Maré. 






Ces deux derniers clichés sont de Raphaël avec sa petite caméra. Essais et effets artistiques plutôt réussis !