samedi 22 octobre 2016

Les "moni", premiers instituteurs kanak...

Ça n'est que 30 ans après la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France que l'administration coloniale commence à s'interroger sur l'instruction à donner aux autochtones. Cantonnés en réserves, les kanak ont peut-être été un peu oubliés, sûrement trop peu considérés, comme le suggèrent des chercheurs qui se sont intéressés à l'école à l'époque coloniale.

Si les écoles kanak existaient bien à la fin du 19ème siècle avec une instruction assurée par les missionnaires protestants ou catholiques, il n'y avait alors pas d'instituteurs kanak formés à cette mission. Il semblerait que l'administration coloniale ait fini par vouloir reprendre la main aux hommes d'église.
Parce qu'elle ne parvenait pas à attirer des instituteurs européens dans les réserves, elle a dû faire appel à des autochtones qu'elle a désignés, avec l'aide de la gendarmerie, parmi les plus jeunes kanak. L'école des moniteurs est ainsi née en 1913, à Montravel, en périphérie de Nouméa. Les jeunes en ressortaient une à quatre années après, avec un simple niveau primaire sanctionné par le certificat d'études primaires. Ils partaient alors enseigner à des élèves qui pouvaient terminer leur primaire avec le même niveau que leur enseignant.

Les moniteurs n'enseignaient qu'aux jeunes kanak, en brousse ou dans les îles. Leur mission consistait à faire connaître le français écrit et parlé à leurs pairs et les rudiments de la vie en tribu (menuiserie et agriculture). Des chercheurs émettent l'hypothèse que l'administration coloniale n'a pas eu l'ambition de les élever. Elle aurait eu le souci de ne pas développer leur réflexion sur leur condition et d'en faire des hommes et femmes aimant la France, sans désir néanmoins de quitter la tribu.

A Maré, il reste quelques "moni" qui sont entrés à l'école de Montravel avant 1950 ou juste après. Ils sont surtout fiers d'avoir été "désignés", marque de reconnaissance, et d'avoir contribué à forger les hommes et femmes d'aujourd'hui. Beaucoup d'entre eux occuperont des postes politiques et contribueront au "destin commun".
La commune de Maré les a mis à l'honneur aujourd'hui. J'ai couvert cet événement pour Les Nouvelles et ai pris leur portrait pour le bulletin municipal. Je vous laisse donc découvrir tout cela en photos.

Nous étions à Atha. Une haie d'honneur a accueilli les "moni" de Maré, devancés par la troupe de danse de Wakoné
Monsieur Wagada est le doyen des "moni" encore en vie. Il est très ému par l'honneur qui leur est rendu.
Tous évoqueront leurs premiers souvenirs en tant que moniteur.
 Parmi les plus anciens...

Keciehni Wagada de Mebuet

Léon Koce de Hnaenedr

Marcel Lakoredine de Cengeité







Les époux Malo, nos amis Cawi et Valentine de Ténane. Cawi est le frère d'Hudruné.

Cawi Wakunumune de Lio

Gilbert Gaica de La Roche
Pa Kaloï bien sûr ! de Ténane


Médriko Manane de Nécé

Paul Palène de Tadine
Simijane Yeiwie de Wakoné


Pour celle et ceux que le sujet intéresse, vous pouvez lire les travaux de Marie Salaün.



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