samedi 15 août 2015

Mariage coutumier à Wabao ...

Donald nous a convié au mariage de son neveu. Difficile de refuser l'invitation de cet adorable Monsieur que nous croisons régulièrement sur l'île ... Séparé de la mère de ses 2 garçons, à laquelle il n'était pas marié, il s'implique dans ce "travail" coutumier et prend soin de nous l'expliquer.



Le mariage kanak se déroule en 2 temps. Un mariage coutumier suivi (il peut être précédé) du mariage civil et religieux.
Le mariage coutumier, auquel nous avons pu assister ce jeudi, consiste à récolter les ignames et dons financiers qui seront répartis en 3 parts. Une part est destinée à la maman de la mariée et sa famille, une autre aux jeunes mariés pour les aider à démarrer leur nouveau foyer. Une moindre part est destinée aux oncles maternels.

Si les jours qui précèdent le mariage coutumier ont vu défiler les membres des clans venus contribuer au mariage en apportant des offrandes alimentaires, cette première journée de mariage accueille, les uns après les autres, un membre de chaque famille, côté père et côté mère du marié, de la 1ère à la dernière génération. C'est ainsi que 8 clans sont présents et qu'un 9è est accueilli par cette nouvelle union ... créant un nouveau lien.

Chaque membre désigné par sa famille apporte une offrande composée d'ignames et d'argent. Plus les liens avec la famille du marié sont proches, plus l'offrande doit être importante. Chaque offrande a une place précise définie par la maman du marié. Elle est positionnée sur une ligne du père ou de la mère du marié, selon la génération auquel appartient le donateur. A la fin de la matinée, ces positions auront composé un "chemin".


Une flèche est plantée devant chaque "lot" et permet de distinguer, d'identifier et de préciser chaque offrande .

Des membres de la famille circulent dans les lignes et s'assurent que les places sont respectées.

Les offrandes du clan du marié, plus importantes compte tenu des liens étroits avec le marié et sa famille, sont réunies et forment une ligne, la première du "cercle" à venir ...



Ce travail se fait dans un calme étonnant, sous le regard des invités et des membres actifs de la tribu de Wabao, patients et respectueux, entre bavardages pour les uns autour d'un petit déjeuner ou non, tressage pour d'autres ou encore préparation du repas ... 







Les invités qui ne font pas partis des clans et donc du "cercle" ont fait un travail coutumier d'un autre genre, auprès des hôtes du jour. Notre geste fût un manou fleuri violet, un billet de 1000f et deux gâteaux maison.

Avant que la constitution du "cercle" ne commence, nous nous éclipsons un moment pour découvrir le lieu idyllique dans lequel vivent nos hôtes, face à l'océan ...
 

 



 
Sacha passera sa journée à jouer avec un copain du collège, Jacques.


A notre retour dans la tribu, le repas commence sous la forme d'un "self service". Chacun se sert et s'installe où il veut, sous le faré où est dressée une table, sous les farés montés pour l'occasion, ombragés grâce aux feuilles de cocotiers, propices aux discussions, aux siestes ... à l'ombre des arbres, sur les terrasses des cases, ... Tout l'espace de la tribu est ainsi, simplement, investi.









C'est sous ce faré, où nous choisissons de déjeuner, que nous rencontrons fortuitement la future mariée, très proche de sa "soeur" et de son frère ...

















Idéalement placés, nous assistons à la constitution du "cercle". Une chaine humaine fait passer les ignames dans un endroit à l'autre ...
Cette occupation de l'espace, rigoureuse et symbolique, aura vocation à présenter à la mariée, et à sa famille, l'identité de la famille, des clans, de la tribu dans lesquels elle entre et auxquels elle appartiendra dorénavant.



Une fois le cercle constitué, le "porte-parole" de la famille du marié présente chaque lot à la mariée et sa famille, qui s'est avancée pour l'occasion et va suivre ce long travail qui ne prendra fin que lorsque le soleil commencera à décliner.


 
Le porte-parole présentera chaque lot tout au long de l'après-midi.
Le marié note et comptabilise chaque lot.

 


Le "travail" se poursuit dans cette quiétude très nengone, sous le regard d'une assemblée toujours patiente et respectueuse.
Il est tard. Nous quittons les lieux avant que les ignames ne soient réunis et répartis en 3 parts. Nous saluons Donald. Il nous connaît à peine. C'est pourtant sa générosité et sa sincérité qui s'expriment lorsqu'il nous remercie d'être venus.


 Marilou quitte avec regret sa "bande" de petites copines du jour ...














Le lendemain, Sacha et moi sommes sur le marché de Tadine quand les mariés arrivent pour leur mariage civil ... Ce moment, plus anonyme, est plus "grave" et marque la séparation de la mariée avec sa famille et son clan d'origine ... La tristesse sera palpable lorsque l'étreinte avec sa "sœur" semblera ne pas pouvoir prendre fin.



3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Bonjour Keyza. Ravie que ce récit vous ait plu. Nous sommes-nous croisées à ce mariage, ou à Maré ? Si non, j'espère que nous aurons l'occasion de faire connaissance prochainement.
      Sophie

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  2. Je suis tomber sur une de vos photos et ensuite la page de votre récit , qui est très bien expliqué . Je voulais voir s' il n'y avait pas de photo de moi comme j'y étais au mariage ( la mariée c'est ma grande cousine et le marié mon oncle ) . Merci pour ce beau récit .
    Anne-Marie H.

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